Une mare au jardin, un coup de pouce à la biodiversité !

Article mis à jour le 6 Nov 2022

Un soleil printanier réchauffe l’atmosphère. Comme chaque année à la même époque, la mare du jardin devient le théâtre de rencontres et de parades.

Crapauds, grenouilles et tritons y pondront bientôt leurs œufs. Ceux des grenouilles seront repérables facilement, certaines mares en accueillent de nombreux amas. Les chapelets d’œufs de crapauds seront plus discrets et ceux des tritons, pondus isolément et de taille inférieure, seront plus difficiles encore à repérer.


Oeufs de grenouille © Dominique Ludwig

Avec les jours qui rallongent et le risque de gel qui diminue, la vie végétale aquatique reprend vigueur. Et quelle vigueur ! Une profusion de plantes va prendre d’assaut l’eau libre et les abords de la mare.

Lentilles, nénuphars, grenouillette,… flottent à la surface de l’eau. Myriophylles, cératophylles, stratiotes, renoncules aquatiques,… sont en pleine eau.


Nénuphar

Certaines jouent même au yoyo et remontent à la surface lors de la floraison. A côté des plantes qui sont enracinées dans le fond de l’eau, d’autres vont prendre racine sur la berge. Toute cette végétation offre abri et nourriture à une petite faune tant aquatique que terrestre.

La mare, où qu’elle se situe, va vite devenir le principal centre d’intérêt du jardin. Avec l’été qui arrive, il y a toujours quelque chose à observer en ses alentours. Elle sera bien sûr source d’eau pour les oiseaux et les mammifères. On vient y boire, mais aussi prendre son bain !

Entre les plantes, à sa surface, glissent d’étranges insectes, souvent confondus avec des araignées : les gerris. Jeunes, ils ressemblent fort à leurs parents et vivent comme eux, ce qui n’est pas le cas des odonates.


Gerris

Libellules et demoiselles sont en effet des insectes qui passent leur vie adulte dans les airs alors que les jeunes sont aquatiques. On observera donc surtout les adultes, qui sont de si beaux insectes. Et quoi de plus passionnant que d’assister en direct à la métamorphose de la larve en adulte ailé. Adultes qui à leur tour chercheront un lieu propice au développement de leurs rejetons.

Et c’est ainsi qu’après avoir assisté au passage de la vie aquatique à la vie aérienne, on pourra aussi contempler les tandems « amoureux » de certaines espèces d’odonates.


Agrion de mercure

Pour les poissons, il faudra préférer l’aquarium. Dans une mare, surtout de petite taille, ils consomment beaucoup d’oxygène, de larves d’insectes et risquent de remuer la vase, d’empêcher la lumière du soleil de pénétrer dans l’eau et de perturber ainsi un équilibre fragile. Il va sans dire que prélever des batraciens dans leur milieu naturel et les introduire au jardin n’est pas du tout recommandé et même interdit ! Il s’agit d’espèces protégées qui, si le milieu leur convient, coloniseront naturellement la mare. Les acheter dans le commerce est aussi une très mauvaise idée !

Mais les larves d’odonates et celles des batraciens ne sont pas les seuls habitants de la mare, loin de là ! La mare est extraordinairement vivante et il y a toujours quelque chose à y observer. Les notonectes nagent dans l’eau, sur le dos, avec leurs pattes comme des rames, mais remontent placer l’extrémité de leur abdomen à la surface pour respirer. Les dytiques et les nèpes font de même et peuvent être observés à cette occasion.

Pendant la belle saison, les abords de la mare, si on a pensé à y aménager une zone « prairie », se transforme en petit paradis des insectes butineurs et en tableau coloré avec les fleurs fushia de la salicaire, celles de la reine des prés, crèmes et vaporeuses, l’iris et le lotier jaunes, l’eupatoire chanvrine, d’un blanc rosé, et bien d’autres. Et que ceux qui craignent qu’insecte signifie moustique se rassurent. Dans une mare en équilibre, beaucoup de larves de moustiques seront la proie de prédateurs qui y habitent comme elles.

En automne, la mare vit encore une activité intense même si certains ont depuis longtemps quitté les lieux. Les batraciens vont avoir à se trouver un abri pour l’hiver. Le jardin leur sera accueillant s’ils y trouvent de vielles souches, des tas de pierres, des branchages et des feuilles mortes au pied de haies, par exemple.

La mare gèlera sans doute plusieurs fois au long de l’hiver. Entre ces périodes, elle restera un abreuvoir naturel. Les plantes flottantes se sont immergées ou ont misé sur leurs graines ou leurs racines pour passer l’hiver. Aux abords de la mare, roseaux, massettes, reines des prés, salicaires, … subsistent séchés, leur réserves faites et stockées dans leurs racines ou leurs rhizomes. Si elle est suffisamment profonde, de l’eau liquide subsistera sous la couche de glace, permettant aux animalcules de résister à l’hiver.

Si vous avez un jardin, nous ne pouvons que vous encourager à aménager une mare, la plus naturelle possible (introduction de plantes indigènes) et sans y introduire de batracien ni de poisson. Les milieux humides, comme beaucoup d’autres, sont en régression et ce sera un petit plus pour la biodiversité de votre région. Et beaucoup de petits plus peuvent changer les choses !

Marianne Verboomen

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