Article mis à jour le 6 Nov 2022
Située à l’extrême Sud de la Belgique, la Gaume est un petit territoire où l’accueil chaleureux de ses habitants correspond bien au microclimat qui fait la réputation de la « petite Provence belge ». À l’Est de la Gaume s’étend l’Areler Land, le pays d’Arlon. Tous deux font, d’ailleurs, partie de la Lorraine belge. La Gaume, d’une superficie de 754 kilomètres carrés, est délimitée au Nord par l’Ardenne, au Sud par la Lorraine française et à l’Ouest par la Champagne-Ardenne.
La douceur des paysages gaumais contraste avec le relief de l’Ardenne toute proche. Le Sud-Luxembourg est la seule région géologique en Belgique qui date de l’ère Jurassique (il y a environ 150 millions d’années). Elle est constituée d’une succession de cuestas qui est vraiment LA caractéristique de la Lorraine belge. Ces collines orientées d’Est en Ouest présentent un profil aux versants asymétriques : un versant abrupt au Nord appelé le « front » et une pente douce vers le Sud, le « revers ». De belles forêts couvrent souvent les sommets des cuestas tandis que des cultures céréalières et des herbages se rencontrent sur l’autre versant. Le sol gaumais est constitué tantôt de marne (mélange d’argile et de calcaire), tantôt de grès (sable cimenté, ici par du calcaire). La région est traversée au Nord par la Semois qui, avant d’entailler le relief ardennais, semble se reposer en coulant paisiblement à travers les campagnes gaumaises. Au Sud, la Chiers coule vers la France et est alimentée par ses deux affluents le Ton et la Vire.
Pendant des siècles, grâce au sol naturellement fertile, les populations locales ont pratiqué l’agriculture et ont vécu uniquement du produit de leurs terres.
Mais la Gaume a surtout un riche passé sidérurgique. À partir du XVIIème siècle, les hauts-fourneaux fleurissent un peu partout, alimentés en eau par les nombreuses rivières et en bois par les vastes forêts environnantes. La sidérurgie gaumaise deviendra d’ailleurs un des fleurons européens. Aujourd’hui, il ne subsiste plus que les vestiges de ces fameuses usines comme les forges d’Orval.
Les massifs forestiers de Gaume furent menacés de disparition au temps de la sidérurgie. Aujourd’hui, « la futaie jardinée » a retrouvé tout son lustre d’antan. De nombreuses essences d’arbres la composent tels le hêtre, le chêne, le peuplier ou encore le tilleul, le bouleau, l’érable et le charme. La sylviculture produit des feuillus de tout premier choix. Toute la grande faune sauvage y est bien représentée : cerfs, biches, chevreuils, sangliers mais, également, le Chat sauvage et le blaireau.
De nombreuses réserves naturelles abritent une faune et une flore particulières. Près de Torgny, la réserve naturelle « Raymond Mayné » est composée de pelouses calcaires, de carrières et de prairies abritant plusieurs espèces d’orchidées et de nombreux insectes comme la Cigale des montagnes et la Mante religieuse.
Des zones de marais, de prairies humides et de forêts alluviales comme les marais de la Cussignière, à Musson, attirent plusieurs espèces d’oiseaux comme le Bruant des roseaux, le Râle d’eau, le Torcol fourmilier ou le Milan royal ainsi que de nombreux insectes et papillons.
Les anciennes carrières offrent un refuge à des reptiles dont certains sont particulièrement rares en Belgique, comme le Lézard des souches ou la Couleuvre coronelle.
Le charme des villages typiques
Les petits villages gaumais représentent bien le mode de vie ancestral. Les maisons traditionnelles étaient constituées par la pierre extraite dans les carrières toutes proches. Ce grès calcaire étant poreux, on enduisait souvent les façades de chaux et de sable. On obtenait ainsi des tons de couleurs variées allant du jaune au rouge en passant par le beige ou le bleu. Le toit était recouvert d’ardoises naturelles. Par contre, à Torgny, le climat permettait l’utilisation de la tuile romaine.
Le corps de logis, prolongé par l’étable et la grange, était accolé à la maison voisine formant ainsi le village-rue. Devant la maison, sur le large espace appelé « l’usoir », on trouvait, jadis, le tas de fumier, la provision de bois de chauffage ainsi que le charroi agricole. Un banc servait aux longues conversations avec les voisins. Le jardin et le verger se trouvaient à l’arrière des habitations. On y accédait par une petite rue parallèle à la rue principale. Aujourd’hui, les pelouses et parterres fleuris ont remplacé l’usoir.
Se balader à travers la Gaume permet d’apprécier la diversité des paysages, les reliefs vallonnées, le charme des petits villlages : Torgny, un des plus beaux villages de Wallonie, Montquintin et les ruines de son château, Chassepierre, le village des artistes, Orval avec son abbaye cistercienne, Virton « la capitale de la Gaume », Musson avec son passé historique et industriel, Les Epioux avec ses forêts et son lac…
Produits du terroir
La Gaume possède également des produits du terroir propres à sa région. Il y a, tout d’abord, le fameux pâté gaumais, tourte farcie de morceaux de viande de porc marinés dans du vin et des épices. Ce pâté se mange chaud ou froid. La touffaye est une préparation à base de viande, de pommes de terre, de lardons, de jambons mijotés dans une cocotte.
Citons, également, la plate de Florenville, pomme de terre allongée et aplatie, le saucisson gaumais, ainsi que différents fromages. À côté de la bière d’Orval, de renommée mondiale, plusieurs brasseurs produisent des bières de grande qualité et de goûts variés.
Le gaumais, d’un naturel jovial, est un bon-vivant qui aime s’amuser. Les occasions ne manquent pas: citons le Gaume Jazz Festival de Rossignol, le festival du conte de Chiny, la Foire aux artistes à Chassepierre, la fête de la pomme de terre à Florenville et bien d’autres festivités…
La beauté de ses forêts de feuillus succédant aux campagnes fleuries légèrement vallonnées, parsemées de villages typiques, font de la Gaume un lieu de découverte idéal encore trop souvent oublié.